En matière d’innovation, il est parfois difficile de savoir par où commencer. Et si vous attendez l’inspiration… vous risquez bien d’attendre longtemps ! Heureusement, il existe des méthodes éprouvées pour vous accompagner dans le défi passionnant qu’est l’envie d’innover. C’est le cas de la théorie C-K, qui formalise un processus de conception d’idées en s’appuyant sur l’idéation (C pour concept) et les connaissances (K pour knowledge). Ça ne vous dit rien ? Pas de problème, on vous explique ici comment elle fonctionne et comment l’appliquer !
Pourquoi utiliser la théorie C-K ?
La théorie C-K favorise la créativité tout en définissant un cadre précis pour le processus d’idéation. Elle s’utilise pour partir en exploration autour d’un sujet, d’un domaine, d’une problématique.
Contrairement au Design Thinking, qui s’appuie sur un problème à résoudre et se focalise sur les usages, la théorie C-K a pour but d’innover par expansion, c’est-à-dire en questionnant chaque caractéristique de l’objet que l’on considère.
Elle s’applique aussi bien à l’innovation continue, c’est-à-dire l’amélioration de l’existant, qu’à l’innovation de rupture, c’est-à-dire la génération de nouveaux concepts. La théorie C-K est une méthode d’innovation plutôt polyvalente, et fonctionne d’ailleurs aussi bien pour les produits et les services que pour les modèles d’organisation ou les structures d’entreprise.
Son déroulement permet de détecter et de casser les points de fixation, c’est-à-dire les idées préconçues, dont on a pas toujours conscience, et desquelles il faut se détacher pour innover radicalement. Elle permet également d’ancrer la créativité dans le concret, car chaque nouveau concept provoque l’approfondissement des connaissances, posant tout de suite la question de la faisabilité.
Menée à terme, la théorie C-K permet donc de sélectionner des idées applicables, qui seront rapidement transformés en projets.
Comment fonctionne la théorie C-K ?
Maintenant que vous en connaissez le champ d’application et les avantages, penchons-nous plus précisément sur le fonctionnement de la théorie C-K.
Elle s’appuie sur l’idée que l’innovation n’est pas un processus linéaire, mais plutôt un processus itératif, constitué d’allers-retours entre les concepts et les connaissances. Il s’agit donc d’alterner des phases d’accumulation de connaissances (K) avec des phases de génération de concepts (C).
Pour l’appliquer vous devez d’abord définir un objet, un sujet, ou plus largement un périmètre dans lequel vous souhaitez innover.
Il s’agit ensuite de lister et de détailler les caractéristiques de l’objet de l’innovation, ainsi que de son environnement. En les formalisant, vous allez définir ce qui correspond au modèle dominant, c’est-à-dire la représentation la plus courante actuellement. Pour cela, vous devrez récolter les caractéristiques visibles, observables par tous, et invisibles, c’est-à-dire plutôt connues par les experts du sujet.
Cette phase correspond à l’accumulation des connaissances internes, c’est-à-dire maîtrisées dans votre entreprise, et externes, c’est-à-dire recherchées auprès d’autres acteurs.
Une fois cette base commune de connaissances constituées, vous allez pouvoir commencer à entrer en idéation, en questionnant chacune des caractéristiques identifiées. Existe-t-il des alternatives ? Des solutions opposées ? Par quoi pourrait-on les remplacer ? Ce questionnement va permettre l’émergence de nouveaux concepts.
Évidemment, on ne s’arrête pas là ! Ces nouveaux concepts vont amener la recherche de nouvelles connaissances sur les idées émises, des sujets connexes, ou des domaines plus éloignés de votre cœur d’activité.
Vous allez donc spécifier ces concepts à partir de nouvelles connaissances… et ces nouvelles connaissances vont provoquer l’émergence de nouveaux concepts. En réalisant des allers retours entre ces deux espaces C et K, vous allez les alimenter et les étendre ensemble. Ce processus permet de sauter le pas vers l’inconnu, et donc de provoquer l’émergence de concepts radicalement nouveaux.
L’exemple de la Swatch
La montre Swatch est un bon exemple d’application de la théorie CK. L’un de ses inventeurs, Elmar Mock, est un ingénieur horloger suisse et surtout un inventeur reconnu. Dans La fabrique de l’innovation (Paris, Dunod, 2012), coécrit avec son collègue Gilles Garel, il détaille les étapes de la conception de cette montre à succès.
Appliquer la théorie C-K : la méthode DKCP
La théorie C-K vous intéresse et vous voulez l’appliquer ? La méthode DKCP repose sur les principes de la théorie et la formalise en quatre étapes :
D – Definition : l’ensemble de l’équipe projet formalise une définition commune du sujet à traiter et du périmètre d’innovation sur lequel elle souhaite se lancer.
K – Knowledge (connaissances) : la deuxième étape consiste à rassembler toutes les connaissances utiles sur le sujet défini. C’est une phase exploratoire de recherche qui permet de créer une base de connaissances communes, afin que chacun s’approprie les enjeux du sujet traité.
C – Conception : à partir des connaissances rassemblées, on commence à générer de nouvelles idées et à formuler des concepts innovants. Cette réflexion amène à l’approfondissement des connaissances sur des sujets connexes. L’objectif de cette phase est de faire des allers-retours entre l’espace des concepts et l’espace des connaissances afin qu’ils s’enrichissent mutuellement.
P – Proposition : à partir des concepts innovants générés par la phase précédente, l’équipe projet identifie les innovations les plus prometteuses et les formule sous la forme de concepts opérationnels, afin qu’ils deviennent des projets concrets. Les connaissances et concepts accumulés mais non utilisés constituent une matière précieuse qui pourra être exploitée lors de futures sessions d’innovation.
Que vous visiez l’innovation continue ou l’innovation de rupture, la théorie C-K et son application via la méthode DKCP vous permettra, en vous appuyant sur vos connaissances, internes et externes, de générer de nouveaux concepts !
Il existe d’autres méthodes d’innovation comme le Lean Startup up ou le Design Thinking, qui pourront vous accompagner sur le chemin de l’innovation, selon les enjeux et les challenges de votre entreprise. N’hésitez pas à vous en inspirer et à vous familiariser avec ces méthodes pour pratiquer l’innovation avec agilité et efficacité !