Se lancer… Le trac qui monte au fur et à mesure que l’échéance se rapproche, les doutes qui peuvent te submerger, la peur de l’échec, la crainte du ridicule, l’angoisse de perdre ses moyens et de rater complètement son intervention… Sentiments tellement forts chez certaines personnes que celles-ci n’arrivent pas à les dépasser pour pouvoir se lancer.
Si le trac est souvent décrit comme une manifestation de la volonté de réussir, il est aussi source d’angoisse et de stress, agissant sur le corps et l’esprit; provoquant ainsi la perte de tous nos moyens.
Se lancer dans la facilitation d’un atelier, c’est à chaque fois un nouveau voyage ! On connaît le parcours. On a repéré les jalons clés et les personnes amicales. On dispose de tous les outils prêts à l’emploi. Mais on ne peut éviter les imprévus et leur lot de surprises (souvent positives) !
Citons forrest gump : « Maman disait toujours, « la vie, c’est comme une boîte de chocolats : on ne sait jamais sur quoi on va tomber. » « .
C’est pourquoi, à la demande d’un de nos supers lecteurs réguliers, nous vous livrons quelques techniques que l’on peut utiliser pour dépasser ce stade et transformer son trac négatif en tremplin ultra positif nous permettant de livrer le meilleur de nous même. Comment avons nous trouvé ces techniques ? Comme nous stressions à l’idée d’écrire cet article, nous sommes allés voir des collègues pour leur demander 😉 !
Astuce 1 – Dédramatiser, relativiser et minimiser les risques
Il est humain lorsque l’on pense à une intervention en facilitation d’imaginer tout ce qui peut mal se passer… Et plus encore, une pensée négative amène une autre pensée négative et c’est le cercle vicieux qui s’engage…
Concrètement ? « je n’ai jamais animé d’atelier de ma vie; ils vont le sentir tout de suite; ça va être une boucherie » -> « ils ne vont jamais adhérer… » -> « les idées ne seront pas quali… » -> « le mobilier ne se déplace pas !!!!!!! » et ça continue sans fin…
Maintenant, plaçons tous ces éléments sur une échelle fictive du risque et des impacts potentiels :
-Faire du surf sur une plage à la réunion : RISQUE MAXIMAL- impact MAXIMAL
– Monter dans un avion : RISQUE FAIBLE – IMPACT MAXIMAL
– Aller chercher une baguette en voiture à la boulangerie : RISQUE FAIBLE – IMPACT MAXIMAL
…
– Oublier l’anniversaire de rencontre de sa compagne / son compagnon : risque modéré (mais dette à long terme) – impact modéré
– Oublier son enfant à la station service (risque faible – impact modéré – traumatisme long terme)
…
– Atelier qui ne fonctionne malheureusement pas comme prévu (risque modéré – impact faible)
Au delà de cette note d’humour, dans un cas de spirale de stress négatif, il faut revenir au premier point de blocage (dans l’exemple, « je n’ai jamais animé de ma vie »), le dédramatiser et si possible trouver des techniques pour l’atténuer… Faire cet exercice permet de rompre cette spirale !
Ainsi, pour une personne n’ayant jamais animé de sa vie, est-ce vraiment grave ? Nous avons tous eu une première fois non ? Elle ne s’est pas toujours bien passée, mais nous sommes restés en vie et nous avons bien progressé depuis non ?
Une fois le risque minimisé, je fais relire l’intervention que j’ai prévu (son déroulé, timeboxing, outils et techniques, …) à quelqu’un d’expérimenté pour prendre en compte ses remarques et ses conseils. De plus, S’il est vraiment sympa et disponible, je peux lui propose de co-animer. Autre méthode, ne pas hésiter à partager avec des pairs. Peut-être, détecteront-ils des éléments non repérés me permettant ainsi d’affiner mon intervention et ainsi de me rassurer !
Et si jamais ces personne me disent que la facilitation va être trop complexe, j’en tiens compte et je revois ma copie !
Astuce 2 – la plus physiologique : Respirer respirer respirer
Lors d’une montée de stress, au moment de se lancer, il est possible de la contrôler par de multiples moyens. La principale et la plus connue consiste tout simplement à respirer. Prenez de longues inspirations, d’abord avec les poumons puis en gonflant le ventre et expirez lentement.
Cet apport d’oxygène bienvenu favorise la détente et permet de retrouver calme et assurance, propices à une réflexion plus constructive.
La petite app qui peut vous aider : Breathe+ de « Dynamic App Design LLC »
Une promenade hors du cadre habituel, prendre le temps de respirer et s’oxygéner offre aussi des bienfaits importants.
Astuce 3 – Voir cela comme un challenge
« Si quelqu’un vous offre une opportunité incroyable mais que vous n’êtes pas sûr de pouvoir le faire, dites oui – alors apprenez comment le faire plus tard ! » Richard Branson, PDG de Virgin
Si vous doutez au moment de vous lancer, saisissez la facilitation d’un atelier comme une opportunité d’apprendre quelque chose de nouveau; autant sur votre intervention que sur vous même ! Voyez y un challenge qui vous amènera plus loin !
Astuce 4 : Avoir un plan clair et l’appui des commanditaires, mais flexible car on est jamais à l’abri des imprévus !
Théoriquement, personne ne se lance dans une intervention type facilitation sans quelques étapes préalables… Echange avec le client/commanditaire sur l’objectif de l’intervention, cadrage, création d’un agenda, partage avec les pairs ou mentors, validation avec le client…
Toutes ces étapes indispensables sont des occasions de bien mesurer dans quoi vous mettez les pieds ! C’est le moment parfait pour identifier clairement les risques et opportunités de votre intervention. Rassurez-vous, posez plein de question, faites-vous aider, faites challenger vos propositions.
Vous n’êtes jamais à l’abri d’un imprévu mais 70% du boulot se fait à ce moment là ! Une phase amont bien maîtrisée offre une relative sérénité !
Astuce 5 – Se dire qu’il existe des outils et techniques de facilitation pour se sortir des mauvais pas
La facilitation est une intervention centrée processus. Ainsi, vous allez accompagner un groupe tout au long d’un processus que vous aurez construit, de façon à lui faire atteindre les objectifs voulus. Cela veut dire, qu’au moment de vous lancer, vous faites confiance au processus, outils et techniques que vous avez planifiés afin de les utiliser tout au long de l’intervention.
Si votre travail préparatoire (point précédent) a été rigoureusement réalisé, que vous connaissez vos outils d’intervention, cela n’en sera que plus facile. L’essentiel de votre travail consistera alors à guider le groupe tout au long de ce processus.
Et si une difficulté apparaît , comme par exemple un participant prenant trop de place, dites vous que vous avez de la chance. Il existe des techniques pour y remédier. Ainsi la plus simple est encore de se référer à notre billet précédent sur ce sujet (https://www.klap.io/huit-astuces-repartir-parole-facilitation_co-creation/). Mais vous pouvez aussi passer par un brainstorming écrit… Les discussions dérapent ? Rappelez les règles d’or ou utilisez un bâton de parole… Les participants végètent ? Faites une pause… En facilitation, votre rôle est d’accompagner le groupe dans l’atteinte de ses objectifs, pas de les atteindre à leur place, ça rassure non ?
Astuces 6 – Se dire qu’au final, si on a été choisi, c’est qu’il y a une raison !
« Syndrome (ou expérience selon le débat) de l’imposteur : Doute maladif (temporaire) qui consiste essentiellement à nier la propriété de tout accomplissement personnel. Ces personnes rejettent donc plus ou moins systématiquement le mérite lié à leur travail. » Wikipedia
Il nous est tous arrivé, plus ou moins souvent, à un moment de notre vie, de ressentir ce qu’on appelle le syndrome de l’imposteur. Face à cela, comment réagir ? Dites-vous bien que si on vous fait confiance, c’est qu’il y a une raison, même si vous le niez . Sachez reconnaître ce sentiment, prenez un peu recul par rapport au supposé regard des autres et essayer d’identifier factuellement vos réussites !
Rappelez-vous; si vous avez été choisi, ce n’est pas pour rien !
Asture 7 – La plus collective, la co-facilitation
D’après le proverbe africain célèbre : “Tout seul on va plus vite, ensemble on va plus loin”. Cela s’applique parfaitement aux interventions en facilitation.
Si vous éprouvez des doutes au moment de vous lancer, tournez-vous vers quelqu’un de confiance et proposez-lui de co-faciliter avec vous. Vous ne vous sentirez plus seul(e) au moment d’y aller !
Faites attention cependant, seul une des deux personnes doit être en lead sur le sujet ! Il faut bien caler en amont le rôle de chacun(e), la logistique, etc…
Astuce 8 – La plus personnelle, celle que j’utilise en cas de gros stress !
De temps en temps, il nous arrive de devoir intervenir dans des situations avec une barre d’exigence particulièrement haute ! On a beau savoir tout faire (et particulièrement suivi touuuuuute la liste ci-dessus), le trac persiste et peut paralyser.
Dans une telle situation , je me dis que je serais entouré de personnes humaines, qui se sont levées comme moi le matin, cheveux en bataille , tête dans le seau… Sont allés aux toilettes, (potentiellement) pris leur douche, un petit déjeuner à base de nutella, ont perdu leur clé dans les recoins du canapé au moment de partir,… Bref directeurs/directrices, PDG, expert(e)s … ne demeurent-elles(ils) pas des personnes comme les autres ? Et puisqu’elles ont aussi leurs doutes, leurs envies et sont fondamentalement sympa; pourquoi cela ne se passerait-il pas bien ? Peut être seront ils content de tester des trucs ? Après tout, ne sont-ils pas curieux eux aussi ?
Le mot de la fin pour Emmanuelle, super relectrice 💖💖 !
Mon « astuce » personnelle ? Je sais que j’aurai toujours un peu le trac. Il est impossible à éradiquer et finalement ce n’est pas plus mal. Avez-vous déjà assisté à un atelier où le facilitateur est tellement sûr de lui qu’il ne tient même plus compte de l’image que vous lui renvoyez de lui-même ? Je préfère avoir un peu le trac mais rester cette personne à l’écoute de ce qui se passe en séance et capable de réagir au 1/4 de tour ! Bien-sûr il ne faut pas que cela paralyse, et là il y a des techniques, mais au final, le trac est aussi un indicateur de présence !
Et vous comment vous faîtes avant de vous lancer ?
1 réflexion au sujet de « Oser se lancer en facilitation d’atelier »