Maîtriser la prise de parole en visioconférence

Dernière mise à jour :

Aleksandra Skora est intervenue dans plusieurs ateliers chez Klap pour son rôle de facilitatrice.

Coach et accompagnatrice sur la prise de parole, sa passion est devenue son métier. D’origine polonaise, elle est passée par une école de coaching et a travaillé de nombreuses années en France en tant que salariée en gestion des équipes et des projets internationaux, avant de devenir coach et experte en communication. Elle travaille sur la prise de parole dans ses aspects techniques, heuristiques et psychologiques, et vous livre aujourd’hui ses conseils pour être à l’aise lors de vos prises de parole en visioconférence.

La visioconférence présente de nombreux obstacles, auxquels nous ne sommes pas habitués. Beaucoup ressentent une diminution de la communication non-verbale ! La distance fait que chacun est dans son univers, il est difficile de trouver un rythme collectif et de gérer la prise de parole.

On a également plus de mal à interpréter les réactions des interlocuteurs, à identifier ceux qui décrochent, ceux qui ne participent pas ou ceux qui ne sont pas d’accord. Lorsque l’on mène une réunion ou une formation en ligne, capter l’attention, garder le dynamisme et la concentration nécessaire ou encore connecter avec le regard sont des choses primordiales, mais loin d’être évidentes…

Pourtant, la visioconférence possède une dimension très instantanée très positive. On a plus de facilité à se réserver du temps pour discuter, sans être interrompu par quelqu’un qui entre dans notre bureau par exemple.

Cependant, il faut réapprendre à communiquer, car la caméra inhibe notre capacité à se sentir connecté avec les autres. La réduction des sens impose une nouvelle façon d’être, car nous sommes obligés de compenser et de tout donner avec les deux sens qu’il nous reste, la vue et l’audition.

Pour se lancer dans l’exercice de la prise de parole à distance, il faut tout d’abord garder en tête quelques principes fondamentaux, qui seront au cœur de tous les conseils d’Aleksandra :

1 – Travailler sur son état d’esprit
2 – Accepter ce qui n’est pas possible
3 – Saisir les nouvelles opportunités
4 – Revoir sa méthodologie

Pour cela, nous allons aborder la structuration de la prise de parole, pour gagner en fluidité et en clarté ! Une fois votre contenu préparé, il faut se concentrer sur votre manière de communiquer.

La distance qu’impose la visioconférence demande de travailler l’image que nous renvoyons à nos interlocuteurs.

Enfin, nous verrons comment se préparer mentalement et physiquement à la prise de parole en visioconférence !

Structurer la prise de parole

Pour une présentation intéressante, qui marquera l’esprit de vos participants, qu’il s’agisse d’une réunion, d’une formation ou encore d’un atelier, l’objectif est d’être clair, concis et compréhensible ! Pour arriver à cela, voici trois structures qui vous permettront d’organiser vos idées et de préparer votre contenu :

L’analyse PTTOME, qui permet de réfléchir et de cadrer sa prise de parole.

La structure « du poisson », qui permet de scénariser efficacement son contenu.

La structure de la pyramide inversée, qui permet de bien organiser ses arguments.

L’outil PTTOME

P comme public

Il est toujours indispensable d’analyser son public, mais c’est encore plus vrai pour la visioconférence. Pourquoi ? Car les conditions de travail sont inhabituelles et plus difficiles à accepter. Tout le monde doit s’adapter et notre patience, notre capacité de concentration ont changé. Pour rester efficace, il faut donc bien réfléchir à qui l’on s’adresse véritablement et pourquoi
Commencez donc par définir votre liste de participants. Adressez-vous uniquement aux personnes directement concernées par le sujet de votre prise de parole. Quels sont leurs freins, leurs besoins ? Pour capter leur attention, vous devez cerner leurs attentes.

T comme temps

Plusieurs études démontrent de l’importance du moment de votre présentation. Lorsque vous organisez votre prise de parole, réfléchissez au meilleur temps dans la semaine et dans la journée.

Pensez à organiser vos réunions entre 10 et 12h ou encore 14h30 et 16h30. Cela laisse le temps nécessaire pour éplucher ses emails et organiser sa journée de travail le matin, mais aussi de prendre un café et se remettre au travail après la pause déjeuner.
Réfléchissez également à la durée de votre présentation. Si les calendriers virtuels prévoient souvent par défaut des créneaux d’une demi-heure ou d’une heure, ils ne sont pas forcément adaptés à la visioconférence. 30 minutes est une durée un peu courte qui ne permet pas de prévoir des temps de retard, d’ajustement, de problèmes techniques ou encore de questions-réponses. À l’opposé, il est difficile de rester concentré une heure entière en visioconférence. Préférez donc 45 minutes pour les réunions de présentation ou les partages d’informations.

Il faudra ensuite séquencer votre prise de parole pour la rendre attractive et dynamique. Voici un exemple pour un partage d’information de 45 minutes :

Créez une nouvelle habitude en proposant à vos collègues de vous rejoindre cinq minutes en avance, afin de pouvoir échanger de façon plus informelle et de commencer à temps.

Proposez ensuite une introduction et un rappel sur le contexte de cette réunion (5 minutes).

Annoncez l’objectif de la réunion. Petit conseil, répéter votre message deux fois, de manière concise et simple, en employant les mêmes termes. Cela augmente les chances que votre message soit bien intégré ! (5 minutes) N’oubliez pas de préciser à quel moment vos invités peuvent prendre la parole et poser leurs questions.
Commencez ensuite votre présentation descendante, c’est-à-dire le moment où vous prendrez la parole sans interaction (20 minutes maximum).
Résumez votre propos et formulez un appel à l’action : que doivent faire les personnes présentes des informations que vous venez de partager ? Soyez court et extrêmement précis ! (5 minutes)
Enfin, proposez un moment d’échange, de questions-réponses pour interagir avec vos interlocuteurs et apporter des précisions si cela est nécessaire (10 minutes environ).

T comme Thème

Lorsque vous planifiez votre réunion, c’est le moment de bien définir son sujet. Travaillez la dénomination de votre évènement, qui figurera sur vos invitations virtuelles, afin d’informer correctement vos participants sur ce à quoi ils vont assister. Attention ! Limitez-vous à un thème par réunion. Tous vos arguments, les points que vous aborderez pendant votre prise de parole, devront y être directement reliés.

O comme Objectif

Lors d’une réunion, il y a toujours trois objectifs. Premier objectif, le vôtre, celui de l’intervenant. Prenez soin de le cerner et bien formuler en imaginant l’action que votre public devrait entreprendre suite à la réunion. Votre objectif doit être précis et unique !
Vous devez également prendre en compte deux autres objectifs, celui de vos participants (Quel intérêt pour lui de participer à votre présentation ?), ainsi que l’objectif commun (Pourquoi se réunit-on ? Que souhaitons-nous obtenir ensemble, grâce à cette réunion ?).

M comme Message

Le message est différent de votre objectif. Il correspond à l’idée principale que les participants doivent retenir. Que doivent-ils partager, activer ensuite ? Reconnaître votre message vous permettra de faire un choix parmi vos arguments et vos idées, pour sélectionner uniquement ceux qui feront le mieux passer votre message.

E comme Énergie et Émotion

Vous l’aurez peut-être déjà remarqué, il faut mettre davantage d’énergie en visioconférence pour pouvoir en transmettre un minimum à vos interlocuteurs. Ancrez bien vos pieds dans le sol et gardez votre dos droit pour activer davantage le haut du corps et ainsi transmettre votre énergie à travers des gestes. Quelles émotions souhaitez-vous partager ? Voulez-vous faire peur, motiver, créer un esprit de compétition ou d’entraide ? Choisissez votre énergie en fonction de votre objectif et toujours en amont de votre réunion !

La structure du « poisson »

Cette méthodologie permet de scénariser votre prise de parole. Et pour plus d’efficacité, abandonnez l’idée de la préparation linéaire : l’introduction, le développement, la conclusion. Définissez d’abord les éléments essentiels, pour ensuite dérouler votre fil conducteur.

1. Définissez votre message en fonction de l’objectif de votre prise de parole.
2. Choisissez uniquement les arguments qui contribuent à sa compréhension.
3. Préparez quelques exemples pour illustrer vos arguments.
4. À partir de là, définissez votre introduction, qui doit mener à votre message.
5. Construisez vos éventuels supports visuels.

Attention, le support visuel est, comme son nom l’indique, un support ! Ce n’est pas l’acteur principal de votre présentation. Il ne doit pas prendre une place trop importante dans votre prise de parole, car, vous l’avez peut-être déjà remarqué, on ne peut pas à la fois lire ce qui apparait à l’écran et écouter attentivement ce qui se dit. Épurez donc vos supports visuels, donnez à vos participants du temps pour le lire ou bien envoyez-le en amont, afin que tout le monde soit proactif et plus attentif à vos propos !

La pyramide inversée

Cette méthodologie est très utilisée en media training pour les supports écrits, audios et visuels. Elle part du principe que l’on a très peu de temps pour faire passer un message. Dans un format journalistique par exemple, lorsqu’une personne est interviewée, son temps d’écran se situe en moyenne entre 9 et 13 secondes ! Il faut donc commencer par le plus important, en adoptant la structure suivante :
1. Partager le message.
2. Donner un argument fort, qui va le soutenir et l’expliquer.
3. Proposer un exemple pour illustrer l’argument.
4. Répéter le message et présenter son appel à l’action.
Cette structure, très utilisée en politique notamment, permet d’être extrêmement concis, clair et pertinent.

En vous appuyant sur ces trois méthodologies complémentaires, vous obtiendrez un fil directeur solide qui rendra votre présentation attractive et compréhensible ! Mais ce n’est pas tout… Maîtriser la prise de parole en visioconférence, c’est aussi gérer des aspects plus techniques pour gagner en présence et en prestance face à la caméra.

Gérer les aspects techniques de la visioconférence

Rassurez-vous, il ne s’agit pas de créer un studio d’enregistrement digne d’une chaîne de télé ou d’un youtubeur ! Voici quelques conseils simples à appliquer même à domicile, pour vous présenter sous votre meilleur jour…

Travailler sa posture

Le premier élément à ajuster, c’est l’inclinaison de votre ordinateur. Si votre caméra se situe sous la ligne de votre regard, votre cadrage est en contre-plongée. Cela est d’une part, rarement flatteur, et de l’autre, souvent mal interprété ! En regardant vers le bas, vous donnez l’impression d’être hautain ou bien de vouloir vous imposer.
Que faut-il faire ? C’est très simple ! Placez l’œil de votre caméra à hauteur des yeux, voire un tout petit peu au-dessus. Cela permet, peu importe si l’on est assis ou debout, de garder une posture droite, de surélever la tête très légèrement et ainsi d’étirer la silhouette, pour avoir une allure et une prestance digne d’un présentateur. Lorsque votre regard se porte un peu vers le haut, vos yeux s’ouvrent, donnant l’impression que vous êtes très concentré, très éveillé et bien présent.
Vous pouvez également tenir votre réunion debout. Cette position, quoique plus fatigante, permet de garder la concentration, mais aussi de travailler avec le haut du corps pour mieux transmettre votre énergie.

Faire attention à la lumière

La lumière joue énormément sur la façon dont votre public va vous percevoir. Il faut impérativement avoir une source de lumière en face de soi, derrière la caméra. Dans la mesure du possible, planifiez vos réunions en journée, pour utiliser la lumière naturelle. Si possible, ajoutez également des lumières de chaque côté. Cela permet d’éviter les jeux d’ombres, où l’on ne verrait qu’un seul côté de votre visage par exemple.
Dans tous les cas, utilisez des lumières froides et diffuses. Si vos lumières sont trop agressives, vous pouvez accrocher une feuille de papier calque devant. N’hésitez pas à faire quelques essais seuls face à votre caméra, jusqu’à trouver un éclairage optimal.

S’habiller… de haut en bas !

Il peut être tentant de bien se présenter en haut (partie visible à la caméra) et de négliger le bas, qui n’est pas visible (pyjama, jogging).

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Ce n’est pourtant pas toujours une bonne idée… Pourquoi ? Car il faut se mettre dans la peau d’un orateur ! Réfléchir à un objectif, avoir un certain message à transmettre, avoir une posture énergique… tout cela demande une certaine construction psychologique, une mise en situation.

Il est donc préférable, pour se sentir orateur, de s’habiller comme tel, c’est-à-dire comme si vous alliez au travail.

Faisons également un petit point sur un élément parfois prise de tête : les lunettes ! Si vous en portez, vous savez qu’il est difficile de gérer les reflets de lumière. Pour remédier à cela, une seule solution : faire des tests.
Pendant la journée, lorsque vous avez une source de lumière naturelle à travers votre fenêtre, ce n’est pas l’écran de votre ordinateur mais plutôt les rayons du soleil que l’on aperçoit dans le reflet. Il faut tout simplement bloquer le bas de la fenêtre avec un carton ou un panneau. Cela évitera le reflet direct, tout en laissant les rayons plus haut passer, pour garder une bonne lumière dans la pièce. Pensez à faire des tests assis et debout en fonction de la hauteur à laquelle vous vous installez.
La nuit, il faut avoir, comme nous l’avons vu, trois sources de lumière en face et de côté, pour éviter les zones d’ombre. Vous devrez jouer avec les lampes et les incliner pour que les rayons ne tombent pas directement sur vos lunettes. Vous pouvez également baisser la luminosité de l’ordinateur afin de ne pas refléter l’écran.

Les alternatifs d’écoute

On appelle « alternatifs d’écoute » tout ce qui pourrait parasiter notre concentration tout comme celle de ceux qui nous écoutent.
Commençons par votre concentration. Vous l’aurez remarqué, il est difficile de regarder directement sa caméra. En visioconférence, cela donne le sentiment que l’on ne se regarde pas les uns les autres, et il est alors plus difficile de se sentir connectés. Il faut donc vous entraîner à adresser votre regard. Pour cela, trois conseils !

Premier conseil : soignez l’environnement de travail situé derrière votre caméra, c’est-à-dire en face de vous. Plus votre environnement sera épuré et rangé, moins vous serez distrait. Cela vous aidera à rester concentré sur l’œil de la caméra.

Deuxième conseil : accrochez juste au-dessus de votre caméra une photo de personnes que vous appréciez et adressez-vous à elles lors de votre prise de parole. Cela vous permettra de bien diriger votre regard. Vous ne pourrez pas observer les réactions des personnes auxquelles vous vous adressez… mais ce n’est pas très grave !

Les contraintes de la visioconférence nous forcent à préparer des échanges courts, précis et structurés. Rappelez-vous, vous ne recherchez pas la validation de vos propos mais plutôt la compréhension. Vous pouvez donc prendre la parole en vous concentrant sur la caméra, puis prévoir un moment d’interaction dans un second temps.

Troisième conseil : il faut s’entraîner ! Organisez des visioconférences avec vos pairs, vos collègues, dix minutes par jour, pour échanger, faire une pause-café, partager ce qu’il se passe. Utilisez cette occasion pour vous entraîner à regarder l’œil de la caméra. Pour éviter de regarder la barre de vignettes avec les personnes présentes, n’hésitez pas à la dissimuler, afin qu’elle n’attire pas votre regard malgré vous.

Concernant la concentration de votre public, vous devez bien évidemment soigner l’angle perçu par votre caméra.

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Si l’on voit beaucoup de choses derrière vous, et notamment des choses désordonnées, les personnes qui vous écouterons seront davantage intéressées par ce qu’elles aperçoivent que par vos propos, c’est une question de curiosité naturelle ! Préparez donc bien ce qui vous entoure, ou à défaut, n’hésitez pas à flouter votre arrière-plan.

Résumons les principaux éléments techniques à ajuster : la direction et le positionnement de votre regard, votre posture, la présence de lumière en face et sur les côtés, le style vestimentaire et la problématique des lunettes, et enfin, votre environnement de travail. Vous verrez qu’en améliorant simplement ces quelques éléments, l’image que vous transmettrez à votre public sera plus forte, plus dynamique et donc plus attirante !
Votre contenu est structuré, vos réglages techniques mettent en avant votre charisme et votre prestance, il ne reste plus qu’à vous préparer à prendre la parole…

Le rituel de l’orateur

Avant une prise de parole, chaque orateur a son propre rituel pour se préparer et canaliser l’énergie qu’il souhaite transmettre. Voici quatre conseils pour vous mettre en condition avant le moment fatidique…

Lâcher prise

Il faut accepter que tout ne sera pas parfait. Lâchez prise sur tout ce que vous ne pourrez pas contrôler, qu’il s’agisse de la technique ou des questions que vous allez omettre par exemple. Si l’objectif et le message sont bien travaillés, vous retrouverez toujours votre fil conducteur, qui vous emmènera jusqu’à la fin de votre réunion.

Faire une coupure

Avant de passer à la prise de parole, il est important de se couper de tout ce qui s’est passé avant, plus particulièrement lorsque vous avez derrière vous une journée bien entamée, qui a apporté son lot d’émotions. Faire une coupure permet de prendre du recul et de trouver l’énergie que vous voulez transmettre pendant votre présentation. Prenez ainsi un instant pour respirer profondément et vous concentrer sur la réunion qui vous attend.

Rassembler toute son énergie

Vous l’aurez compris, il en faut beaucoup ! La prise de parole en visioconférence est beaucoup plus fatigante que la prise de parole en présentiel. Il faut travailler avec son corps et en donner plus pour que le public en reçoive juste assez. N’ayez donc pas peur d‘en faire un peu trop, même au prix d’une légère fatigue.

Respirer

Juste avant la réunion, pendant que vous effectuez votre coupure mentale et que vous rassemblez votre énergie, prenez trois grandes inspirations et expirez trois fois profondément. Ce petit rituel permet de se sentir mieux, tout simplement ! Il vous rappellera aussi qu’il est important de bien respirer tout au long de votre prise de parole.
Un petit conseil bonus : augmentez le volume de votre voix et buvez une boisson chaude avant la prise de parole. Quelques secondes avant de commencer, faites un grand « HA ! » (expiration ventrale) pour éveiller vos cordes vocales.

Travailler sa voix

Parce que nos sens sont en quelque sorte amputés par la distance, il est essentiel de miser sur votre voix encore plus que d’habitude. Pour cela, il faut l’éveiller et la travailler. Pensez notamment aux personnes qui n’ont peut-être pas une connexion internet optimale et qui ne reçoivent pas ou mal l’image. Il faut transmettre un maximum d’intention dans la voix pour capter l’attention et bien transmettre votre message. C’est ce que l’on appelle le « vouloir vocal ». Votre voix peut grandement influencer votre prestation et donner l’impression d’un certain charisme. Voyons ensemble les trois points à travailler.

La prosodie

La prosodie, c’est la mélodie de la voix. Nous avons tous déjà assisté à une prise de parole extrêmement monotone et il faut l’avouer, il est difficile de rester concentré et attentif aux propos tenus dans ces conditions !

Pour travailler la mélodie de votre voix, imaginez que vous êtes en train de lire un livre. Toutes les phrases commencent des majuscules, comprennent de la ponctuation et finissent par un point. Il faut suivre cette ponctuation avec la voix. Commencez vos phrases plus haut, par les sonorités plus aiguës et en parlant plus fort. Vous attaquez la première syllabe de la phrase pour continuer en descendant vers le bas et terminer la phrase. Cela demande de l’énergie, mais rend la voix plus attrayante.

Prenons l’exemple des très bons orateurs : Jean-Luc Mélenchon ou Robert Badinter. Quelle que soit notre opinion personnelle sur leurs propos ou parcours, il est facile de les écouter. En effet, ils n’hésitent pas à faire fluctuer leur voix au rythme de leurs phrases, et c’est un bon exemple pour s’entraîner. Comme eux, n’hésitez pas à mettre beaucoup d’énergie dans votre voix, à mettre l’accent sur les éléments qui vous tiennent à cœur. Cela vous permettra de transmettre votre passion et de montrer que vous connaissez votre sujet. Vous apparaîtrez pertinent et persuasif.
Pour cela, entraînez-vous seul face à la caméra de votre ordinateur. Allez dans l’exagération en prenant comme exemple des orateurs que vous aimez écouter. L’idée est de dépasser le ridicule pour transmettre au mieux votre énergie.

La diction

Il est essentiel, particulièrement le matin, lorsque vous n’avez pas encore beaucoup parlé, d’échauffer et de travailler votre élocution et votre diction. Pour cela, il existe quelques exercices simples à mettre en pratique.

  • Premier exercice : faire quelques mouvements de votre bouche, comme si vous mâchiez un chewing-gum.
  • Second exercice : faire le son « sss » pendant 10 secondes terminé par un fort “HA” expulsé brusquement grâce à la force de vos abdominaux.
  • Troisième exercice : répéter des virelangues. Pour un maximum d’efficacité, vous pouvez prononcer le virelangue en rythme. Prenons l’exemple suivant : un chasseur sachant chasser sait chasser sans son chien. Vous pouvez marquer le rythme en claquant des doigts sur les temps forts et répéter deux fois les groupes de mots : « Un chasseur, un chasseur ! Sachant chasser, sachant chasser ! Sait chasser, sait chasser ! Sans son chien, sans son chien ! »

Vous pouvez même faire ce petit entraînement avec vos collègues, pour vous dynamiser tous ensemble.

Le débit

Le débit de la parole correspond au nombre de mots que l’on prononce par minute ou par phrase. On parle de débit discursif lorsque les mots et les phrases sont allongés.

Le discours est alors très fluide et plutôt lent. À l’opposé, un débit heurté se manifeste par phrases courtes, découpées, presque saccadées. Il faut savoir diversifier son débit pour avoir un discours attirant, varié et garder du rythme tout au long de la présentation.

Lorsque l’on parle de débit, on parle surtout de vitesse de parole. Voici quelques exemples pour vous repérer : un discours solennel de Barack Obama contient en moyenne 80 à 100 mots par minute.

Un débit pédagogique, où l’on prend le temps de poser ses mots pour qu’ils soient bien retenus par le public, correspond à 120 mots par minute. Une prise de parole journalistique, qui donne l’impression que la personne connaît le sujet car elle a beaucoup de choses à dire, même quand ce n’est pas le cas, se situe entre 180 et 200 mots par minute !

Ce débit peut donner à la parole une certaine crédibilité, une position d’expert.
Pendant votre présentation, il faut alterner entre les types de débit selon l’objectif du propos. Prévoyez certains moments plus lents, pour bien imprégner les participants de votre message, et d’autres plus rapides et plus énergiques, pour les motiver et redynamiser par exemple.

Pendant la présentation

Vous êtes prêts à prendre la parole dans les meilleures conditions ! Voici quelques derniers conseils à garder en tête pendant votre prise de parole pour un résultat optimal.

Se montrer présent

Soyez conscient de votre posture, de votre regard. Vous les avez travaillés en amont, il faut maintenant les tenir tout au long de votre présentation. Vous pouvez aussi, quand c’est nécessaire, adopter d’autres postures.

Par exemple, assis, le dos légèrement en arrière contre le dossier, comme si vous étiez dans un café, lorsque vous souhaitez échanger de manière plus informelle. Attention cependant à ne jamais vous pencher devant la caméra, car c’est une position qui donne un sentiment de supériorité.

Cela peut paraître évident, mais rappelons-le : il n’y a pas mieux que le sourire, même à travers la caméra, pour accueillir les participants de la réunion et pour se mettre dans une atmosphère de bonne humeur.

Soyez aussi riche et naturel dans vos gestes que si vous étiez dans une situation réelle. C’est par le haut du corps que se transmet l’énergie et c’est aussi grâce à cela que vous capterez l’attention de votre public en continu !

Attribuer des rôles

Pour être efficace du début à la fin, il est important de mettre toutes les chances de votre côté. Pensez à envoyer l’agenda voire une partie du contenu en amont à vos participants si cela vous semble pertinent, afin qu’ils arrivent pré-informés.

Aussi, n’hésitez pas à distribuer des rôles aux personnes présentes en amont ou au début de la réunion.

Le médiateur peut s’occuper de recueillir les réactions, les questions et les oppositions des participants pendant que vous parlez en regardant l’œil de votre caméra. Une personne peut être chargée de la prise de notes, qui sera distribuée aux personnes présentes ainsi qu’aux autres personnes indirectement concernées.

Vous pouvez également définir un gestionnaire du temps qui fera des rappels réguliers sur les temps de parole et vous préviendra si vous débordez. Tout cela permettra de fluidifier vos échanges mais aussi d’impliquer fortement un certain nombre de personnes dans votre présentation.

Choisir une ouverture adaptée

Il existe de multiples façons de démarrer votre présentation. Vous devrez faire votre choix en fonction des invités qui y participent ainsi que de votre objectif. Vous pouvez par exemple choisir d’afficher une image positive qui sera vecteur de conversation informelle durant les premières minutes. Vous pouvez également afficher une « météo » qui permettra de discuter de l’humeur de chacun.

Côté sonore, vous pouvez diffuser de la musique (une petite musique d’ascenseur qui met de bonne humeur par exemple) ou encore préparer une phrase culte par laquelle vous commencerez systématiquement.

Cela peut être une expression, un petit défi (comme toujours dire bonjour dans une langue différente) ou un hommage (vous remerciez les participants pour leur présence).
Poser une question simple en rapport avec le sujet peut aussi être l’occasion de faire un petit tour de table des participants.

Le fait que chacun prenne la parole, même brièvement, permet de se mettre dans une position d’écoute active et de rassembler malgré la distance.

Notez d’ailleurs que l’exercice du Q&A permet de mobiliser et de connecter tout le monde, en début de réunion, mais aussi ponctuellement pendant la prise de parole. Cela permet de rapatrier tous ceux qui sont un peu perdus ou fatigués.

Vous pouvez aussi vous adresser à une personne précise pour qu’elle prenne la parole. Si la personne n’a pas envie de partager ses idées, elle dira simplement qu’elle suit l’avis des autres et qu’elle n’a rien à ajouter. Ce n’est alors bien évidemment pas la peine d’insister.

Créer de la connivence

Pour rassembler vos participants autour de l’objectif commun de votre présentation, vous pouvez travailler l’inclusion. Exprimez-vous de manière sincère, sans vous placer au-dessus des personnes présentes.

N’hésitez pas à faire preuve de vulnérabilité. Partager avec sincérité quelques hésitations montre un côté plus humain. On se sent généralement proche des gens que l’on trouve aussi imparfaits que nous. Si vous apparaissez comme trop parfait dans l’esprit de quelqu’un, vous serez perçu comme difficilement accessible.

Trouvez des points communs pour créer un lien profond et donnez un sentiment de sécurité à vos interlocuteurs.

Une petite astuce : utiliser un petit micro-cravate, facile à trouver et très accessible en termes de prix, permet une meilleure qualité de voix. Vous paraîtrez plus chaleureux et cela vous aidera à créer une impression de proximité.

Enfin, n’oubliez pas la question du vouloir vocal ! Notre état d’esprit influence toujours notre parlé. Lorsque vous avez quelqu’un d’heureux ou de malheureux au téléphone, cela s’entend ! Il en va de même pour la visioconférence, c’est votre voix qui transmettra vos intentions, vos émotions et qui permettra une certaine proximité avec vos interlocuteurs.

Du rituel de préparation à votre présence pendant la prise de parole, en passant par le travail de votre voix, vous avez maintenant toutes les astuces en main pour mener une visioconférence efficace et dynamique ! N’oubliez pas de structurer votre propos et d’effectuer vos préparations techniques et lancez-vous !

 

Aleksandra Skora est intervenue dans plusieurs ateliers chez Klap pour son rôle de facilitatrice. Coach et accompagnatrice sur la prise de parole, sa passion est devenue son métier.

Elle travaille sur la prise de parole dans ses aspects techniques, heuristiques et psychologiques, et vous livre ses conseils pour être à l’aise lors de vos prises de parole.

Pour retrouvez Aleksandra rdv sur son compte linkedin ou vous pouvez la contacter aussi par email à aleksandra.a.skora@gmail.com

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L'agence de Design Thinking Klap.io a été créée en 2015 par Mélissa Aldana et Vincent Dromer. Notre but ? Diffuser au plus grand nombre les nouvelles méthodologies de travail en accompagnant les entreprises sur leurs problématiques, en proposant des formations et des initiations gratuites chaque mois.

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